En attendant Venise
Juste en un bord, un fin bel horizon,
Une douce ondulation que le regard anime,
Sur un lent clapotis qui s’étale en brillances
Pour atteindre enivré une plage naissante.
Par-delà la ruelle de la suite qui luit,
Au-delà des tourbillons des vasques embourbées,
Au-dessus du flot vert du calme en la nuit,
En-deçà des travers des porches éventrés
Tu es allé courant comme un torrent,
Tu es passé tel une ombre suave,
Tu as épris les sens tel une vague,
Tu es entré pensant à la suite des temps
Totalement ouvert aux sens errants,
Toujours avide des rumeurs s’éperdant,
Encore accaparé par les sentiments nés
Comme un fou de bonheurs à l’allure effrénée.
Une lumière reparaît sur les fontaines glauques
Un nouveau matin blanc où les gris sont épars
Un nouveau lendemain où la touffeur grandit
Une journée s’émancipe en l’intérieur des âmes.
Dans les vieux palais d’où suintent des douleurs
Dans l’intérieur des murs où les hommes se traînent
Dans les âmes éperdues qui cherchent un renouveau
Dans ton seul intérieur où bout l’envie de naître
Tu ressens les relents du peuple s’ennuyant
Tu ressens le pouvoir qui se perd, tout dilué,
Tu entres si pressé, ouvert ici-bas et
Tu pars vers l’appel insensé qui te libérera enfin.
Encore extasié des visions des anciens
Encore insatisfait, jeune inexpérimenté,
Toujours chevauchant vers cet avenir
Comme le seul destin possible à ton humanité.